Van Turnhoutervoorde tot Strienemonde.
Ontginnings- en nederzettingsgeschiedenis van het noordwesten van het Maas - Schelde - Demergebied.
400 - 1350.
Een poging tot synthese.

K.A.H.W. Leenders

ISBN = 90-6011-970-3

RÉSUMÉ

Traduction: dr. A. Verhoeve, Gand.

Samenvatting
Summary
Errata
Concordance avec Oorkondenboek Noord-Brabant

Ce livre (680 pp, plus que 100 figures en b/n) est publié par le Walburg Press, Zutphen, Pays Bas. Le livre est épuisé.

L'évolution du défrichement et de l'occupation du sol pendant le haut et le bas moyen âge fait l'objet de cette étude. Elle se rapporte à une région qui s'étend de part et d'autre de la frontière belgo-néerlandaise et qui est située plus précisément entre les villes d'Anvers, Turnhout, Geertruidenberg, Westmaas et Bergen-op-Zoom. Pendant l'Ancien Régime cette région faisait partie du duché du Brabant et de la partie méridionale du comté de Hollande. Actuellement 37% de la surface étudiée fait partie de la province belge d'Anvers, le reste appartenant aux provinces néerlandaises de Noord-Brabant (55%), Zuid-Holland et Zeeland.

Il faut remarquer que cette région ne fut pas examinée dans le cadre des études historiques faites par Dekker (Zeeland), Hendrikx (Holland), Van Ermen (Brabant) et Steurs (le nord-est du Brabant). Theuws ne l'a traitée que marginalement dans sa thèse de doctorat qui se rapporte à la vaste région délimitée par l'Escaut, la Meuse et la Demer [Dekker, 1971; Van Ermen, 1989; Henderikx, 1987; Steurs 1993 en Theuws, 1988.]. On peut donc considérer l'étude présente comme un complément important aux recherches régionales faites dans le domaine de la géographie historique des Pays-Bas.

Pour la première fois un tableau cohérent est donné du changement d'un paysage quasi inhabité au 5e siècle en pays bien occupé et structuré d'une manière complexe au milieu du 14e siècle. Une telle transformation englobe un processus de défrichement et d'occupation du sol qui implique une interaction de l'homme et son environnement. En même temps se développent des structures sociales, économiques et juridiques pour le fonctionnement interne de la vie rurale et se nouent des leins avec le monde politique et économique environnant. Cette étude s'adresse à tous ceux qui pour l'ensemble des Pays-Bas veulent embrasser d'un coup d'oeil l'histoire du défrichement et de l'occupation du sol et qui s'intéressent à la complexité de l'interaction homme-environnement. Elle peut servir également de guide pour examiner l'évolution médiévale d'autres régions et elle offre un cadre pour montrer la cohérence des données archéologiques, souvent isolées et le résultat de fouilles d'urgence. De plus un nombre d'éléments historiques du paysage acquièrent plus de valeur par la précision de leur fonctionnement dans le passé, ce qui nous fournit des arguments solides pour leur protection. Enfin l'étude s'adresse à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de leur pays, ville ou village.

Le procédé

Cinq pistes ont été suivies pour obtenir une idée plus précise de l'évolution de la région étudiée pendant la période 250-1350: l'archéologie, la toponynie, les allodia, la filiation des paroisses et la propriété des "grands seigneurs". Pour ce genre d'études il est devenu normal de se servir des données archéologiques, des toponymes et de la structure des grandes propriétés. Même la reconstitution des paroisses-mères et de leurs églises filiales est entrée dans les usages. L'attention prêtée aux allodia dans le cadre de cette étude peut être considérée comme une innovation: il s'agit de terres libres, sans lien féodal. A l'aide de ces allodia il est possible de se faire une idée des faits qui remontent aux 11e et 12e siècles. On peut remarquer que cette approche donnerait aussi des résultats pour l'histoire du Baillage de Bois-le-Duc.

Afin de suivre les cinq pistes mentionnées une grande quantité de données furent rassembées et vérifiées. Le résultat de l'analyse des toponymes est publié à part [Buiks en Leenders, 1994.]. Le résultat de l'inventaire des fiefs et des terres sujet à un cens ayant appartenu au duc de Brabant, aux comtes de Hollande et aux seigneurs de Breda et Bergen-op-Zoom ainsi qu'à d'autres grands propriétaires du 14e siècle sont insérés dans l'annexe 8.2 de cette étude. Cette annexe est un supplément à l'inventaire des domaines ducaux fait par Van Ermen [Van Ermen, 1989.]. Comme il n'existe pas de publication de l'ensemble des chartes de la région étudiée, un recueil de plus de 2.000 textes de chartes a été constitué à partir d'un grand nombre de livrets de chartes partiels. Cette opération nous a portés à collaborer avec les auteurs du futur tome II de l''Oorkondenboek van Noord-Brabant'.

Se basant sur les évolutions constatées, trois thèmes sont élaborés à la fin de l'étude. Il s'agit d'abord de l'usage et de la transformation des terres incultes situées hors du finage agricole. Ensuite le modèle dressé par les archéologues pour le développement de l'habitat en Campine est vérifié et complété. Enfin l'histoire de l'occupation du sol dans le nord-ouest de la région Meuse-Escaut-Demer demande une confrontation avec les constatations faites en d'autres parties des Pays-Bas ainsi qu'une comparaison avec les périodes d'expansion des terres cultivées et habitées décrites par Verhulst pour les Pays-Bas méridionaux [Verhulst, 1995.].

Les résultats

La transition du paysage semi-naturel, où l'homme était à peu près absent, vers un paysage humanisé, où ce qui reste de la nature est à peine naturel, a duré huit siècles. Cette évolution a été lente au début, avec par-ci par-là quelques tentatives éparses de mise en culture. Mais les bords de la région étudiée furent lentement soumis à l'expansion de zones voisines comme Anvers, la Campine et l'est de Zeeland. Plan. A partir de ces lieux un pays agraire se développa au détriment d'un environnement boisé. Bien que les activités de l'homme au moyen âge aient été simples et restreintes l'idéal d'un développement durable ne fut pas atteint. On s'adapta en changeant le système agricole ou la structure géographique de l'habitat. Le rendement du sol augmenta de sorte qu'une même superficie des champs put nourrir davantage de personnes.

Un nouvel élan fut donné par la pression démographique des régions voisines, par le développement des villes, une demande augmentée pour les produits agricoles et par la pénurie d'argent des seigneurs de Breda. Le substrat tourbeux ('Hollandveen'), auparavant hostile à l'exploitation, fut valorisé de sorte qu'une activité bourdonnante s'empara des régions restées à l'écart. Des paysages détourbés se sont constitués avec, au nord de la région étudiée, les caractéristiques de l'aménagement systématique des Hollandais. Au sud de ces paysages typiques l'exploitation de la tourbe fut l'initiative des entrepreneurs flamands, suivis après 1300 par les brabançons. Plus au sud encore, où la couche de tourbe était discontinue et la constitution des sols déterminée également par les sables pleistocènes, la mise en culture se fit néanmoins en utilisant les techniques d'arpentage empruntées des tourbières. Les parties situées en bordure de la vaste zone tourbeuse furent transformées en paysage agraire par les habitants des régions sablonneuses. Leurs sols ne furent pas labourés mais réservés au pâturage et au fanage. A terme il devint possible d'intégrer dans le finage agricole toute cette zone limitrophe, tandis que plus au sud, vu le peu de prairies et de foin que présentaient les étroites vallées des ruisseaux, il resta indispensable de faire paître le bétail sur les terres incultes.

Pourtant les choses se sont gâtées une fois de plus. Tout le labeur mis dans les tourbières, soit pour l'extraction de la tourbe, soit pour la production de sel ou pour la mise en culture, a entraîné finalement à un abaissement du sol. De la région étudiée la mer inonda le nord et l'ouest, les deux parties situées le plus bas. Envahies par la marée elles furent transformées en plaine maritime. Les polders d'Anvers et de Strijen furent les premiers touchés. Ils étaient suivis un peu plus tard par la partie située à l'extrême nord-est de la région étudiée. Finalement au 15e siècle la mer avan‡a jusqu'aux villes de Gorinchem et de Heusden. Mais après un certain temps, les parties inondées devinrent à nouveau intéressantes, grâce à leurs sédiments marins; pour autant évidemment qu'une érosion profonde ne se fut pas produite.

Par conséquent le paysage de la région étudiée fut totalement transformé dans la deuxième moitié du moyen âge. Plan des champs ouverts et encloses. On vit se développer des villes là où la population était plus dense et l'économie plus diversifiée. Les permières villes, à l'origine peut-être dirigées par les puissances régionales pour affirmir leur autorité territoriale, furent transformées peu à peu en centres de commerce et d'industrie. Ces mêmes activités donnèrent naissance, au 14e siècle, à des petites villes situées sur sols relativement bas.

Le vide initial de la région n'eut d'égal que le flou et l'imprécision de son insertion dans les royaumes mérovingiens et carlovingiens. L'accroissement de la population amena bien vite plus de clarté dans ces relations. Et certains souverains firent de la région étudiée l'objet de toutes leurs convoitises. Trois d'entre eux parvinrent à leurs fins: le duc de Brabant et le comte de Hollande pour les territoires périphériques et le seigneur de Breda pour la région centrale où il réussit à se tailler une position particulièrement avantageuse. Plus tard il en aurait grandement besoin quand un testament imprudent et un mariage trop onéreux vinrent à solliciter durement ses moyens financiers. A une époque marquée par une demande croissante de produits agricoles et de combustibles surtout en Flandre, le seigneur de Breda pouvait convertir en argent les terres incultes en vertu de ses droits sur les terrains vagues. De cette manière il stimula le développement de la région tout en en profitant personellement.

L'opinion largement répandue selon laquelle le haut moyen âge était une époque d'immoblité dans la partie occidentale du Brabant du Nord doit être nuancée. Elle est essentiellement due à un manque de recherches approfondies en archéologie et en toponymie. Il est vrai que, pour autant qu'on puisse l'examiner, le sud-est de la région étudiée a été longtemps moins peuplé que les regions plus vers l'est et le sud, tandis que le nord-ouest resta en grande partie inhabité à cause de son substrat tourbeux. Par conséquent, en comparaison avec l'évolution dans le reste des Pays-Bas et surtout la Flandre, la région étudiée enregistra au haut moyen âge un certain retard dans le domaine de l'occupation et de la valorisation des sols.

Ce sous-développement permit à cette région, et plus spécialement le nord-ouest, d'absorber la croissance démographique de la Flandre à partir du milieu du 13e siècle. Croissance qui connut une fin abrupte à la suite des épidémies du milieu du 14e siècle. Abstraction faite des changements dans le nord sous l'influence des inondations et des endiguements postérieurs et sans tenir compte de quelques villages qui se sont développés ultérieurement dans les tourbières, la région s'était dotée, en 1350, d'une structure institutionnelle qu'elle conserverait jusqu'à la Guerre de Quatre-Vingts Ans.

Ouvrages mentioneés:

Buiks, C.J.M. en K.A.H.W.Leenders. Nederzettingsnamen in het gebied tussen Antwerpen, Turnhout, Geertruidenberg en Willemstad. Den Haag, 1994. (6 delen).

Dekker, C.. Zuid Beveland. De historische geografie en de instellingen van een Zeeuws eiland in de middeleeuwen. Assen, 1971.

Ermen, E. van. Feodaal-heerlijke verhoudingen en territoriale patronen in het middeleeuwse patronen in het middeleeuwse hertogdom Brabant (12de - 14de eeuw) met bijzondere aandacht voor de regio Leuven. Leuven, 1989 (diss. KUL).

Henderikx, P.A.. De beneden-delta van Rijn en Maas. Landschap en bewoning van de romeinse tijd tot ca.1000. Hilversum, 1987.

Steurs, W.. Naissance d'une région. Aux origines de la Mairie de Bois-le-duc. Recherches sur le Brabant septentrional aux 12e et 13e siècles. Brussel, 1993. Kon. Ak. van België, Klasse der Letteren, octo, 3e serie, deel III.

Theuws, F.C.W.J.. De archeologie van de periferie; studies naar de ontwikkeling van bewoning en samenleving in het Maas - Demer - Scheldegebied in de vroege middeleeuwen. Amsterdam,1988 (diss. UvA, not published!)


Version 7 juin, 2005

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